Modèle de shibari, un rôle actif

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Modèle de shibari

Le Kinbaku est une pratique risquée qui implique autant les attacheurs que les attachés.
C’est pourquoi, malgré le titre, je préfère parler de personnes attachées ou bottom que de modèle. Modèle de shibari peut sous-entendre une certaine passivité pour ces personnes. 

Or, s’il est effectivement important d’être calme dans les cordes (se débattre serait non-sens), la personne attachée n’est pas pour autant inactive.  

 

Avant de commencer

Oser poser des questions
Les cours sont aussi faits pour les personnes attachées aussi sentez-vous libre de questionner vos enseignants et pourquoi pas d’autres pratiquants attachés pour voir comment chacun gère.                                                     

Avoir conscience de soi
C’est avoir conscience de sa condition physique de son état d’esprit des limites que l’on peut avoir envie de franchir et de celles que l’on ne veut pas franchir.
Il est primordial de se poser ces questions à chaque séance de shibari même si vous pratiquez avec la même personne.

C’est pour cela que je préfère le terme « personne attachée » que « modèle de shibari ». Cette personne est un partenaire actif avec un libre arbitre et des responsabilités.
Un co-acteur de la session avec son propre rôle.
C’est pourquoi il est essentiel d’être conscient de ce que l’on fait de ce que l’on veut, de ce que l’on donne et de ce que l’on communique.

 Bonus


Il peut être également utile d’informer votre attacheur de comportement ou réaction spécifique à vous-même. 

À titre personnel j’ai rencontré une personne qui m’a informé après coup que les rires qui l’avait secouée tout le long de la session avait déstabilisés plus d’un de ses amants et qu’ils étaient dues à un cocktail d’excitation et de gêne.

Une autre personne m’avait averti d’une hypersensibilité de la peau qui la faisait frissonner et trembler durant de longues minutes.  En amont de la session elle m’avait rassurée et indiqué qu’il n’y avait rien à faire si ce n’est la laisser tranquille à ce moment.

 

Apprendre à poser un cadre et acquérir un vocabulaire commun 

Il est important de se demander pourquoi on a envie de se faire attacher.
Que cherche-t-on à ressentir ? Quelle direction est-on prêt à prendre et avec qui ?
Développer un vocabulaire commun avec votre attacheur permet de limiter les problèmes d’incompréhension.

Estimer la durée dans l’inconfort, la douleur

Il vaut mieux prévenir que guérir aussi indiquer à votre attacheur que vous pouvez tenir 30 secondes aura un impact différent de tenir 5 minutes voir de l’avertir au moment même où tomber dans les pommes que vous vous sentiez mal. 

Conseils pour les riggers :  lorsque la personne que vous attachez vous communique une information de durée, compter moins de temps que la durée indiquée pour agir.  Continuez de parler à votre attaché pour le rassurer et lui indiquer les étapes restantes, ceci contribue à le calmer.

Prendre soin de son corps

Avoir une activité physique régulière et un bon point dans tous les cas que l’on fasse du Kinbaku ou pas.
Comprendre la façon dont bouge son corps, savoir travailler avec sa respiration sera aidant une fois que l’on sera attaché.  

 

 Dans les cordes

 

Se placer dans les cordes
Si l’on résiste à la contrainte les cordes seront simplement perçues comme intrusives voir douloureuses. On sera en résistance et on risque de se blesser.
Apprendre à accepter la contrainte des cordes prend du temps c’est une sensation nouvelle que le corps doit autoriser et qui se construit de session en session.
Cela se renforcera par le biais de la confiance mutuelle envers votre attacheur ainsi que dans sa capacité à comprendre la mécanique de votre corps et à réagir en cas de problème. 

Respirer
Souvent les harnais bloquent la respiration thoracique, celle-ci ne peut se faire avec amplitude (mouvement horizontal, en accordéon).
On utilise alors la respiration ventrale avec une faible amplitude en visualisant une colonne d’air verticale. On pourrait presque dire qu’on apprend à respirer avec ses orteils ou ses cheveux tellement la respiration se fait minimale et légère.

Attention :  tenter de respirer avec amplitude en prenant de grosse goulée d’air conduit à une hyperventilation.

Gainer
Pour protéger son dos il est important d’être gainé. Pour cela on aspire le nombril vers les vertèbres, en maintenant ses abdominaux serrés. Gainer ses abdos protège les lombaires.
De la même manière tendre la pointe d’un pied, donner de la longueur aux jambes permettra d’alléger la répartition du poids.
Il ne s’agit absolument pas de faire un ballet de danse classique ou un cours de yoga, ce sont de petits ajustements qui permettent de gagner un petit peu de confort et de sécurité. 

Tout comme en équitation on ne se tient pas avachi sur sa monture, en Kinbaku un rigger a rarement envie d’attacher un sac à patates ou une poupée de chiffons. 

 

En cas de problème


Respirer et indiquer le plus précisément et le plus calmement à votre rigueur ce qui ne va pas. 
Communiquer de façon précipitée, vague et confuse apportera une réponse trop lente, hasardeuse et surement, inadaptée.
Sans compter le feed-back houleux qui risque de suivre chacun accusant l’autre de ne pas savoir s’exprimer.

Il est essentiel de communiquer immédiatement tout ce qui a trait à la sécurité : Dans ce cas il faut être précis.

Souvent la perception du corps et de l’environnement se modifie pour les personnes attachées. Il en est de même pour les riggers. Si au sol, on n’aurait pas tordu un genou à contre sens, en Kinbaku ce genre d’erreur est fréquent.

Respirer. Il est inutile de hurler à la mort ou de chercher à faire une phrase construite alors que nous sommes souvent dans un état de conscience modifié.

  1. Nommer la partie du corps concernée et le désagrément ressenti.
    Exemple « jambe droite, corde sur le tibia douloureuse »
  2. Demander ce que l’on veut plutôt que laisser le rigger paniquer et tâtonner à l’aveugle. Exemple « peux-tu décaler la corde tibia droit » ?

L’attacheur n’aura « plus qu’à » faire ressentir les passages pour trouver celui qui gêne.

 

Pour aller plus loin… 

Pour les actes, les gestes, les mots dans l’action qui ne vous impactent pas psychologiquement ou émotionnellement sur le coup, le feed-back peut se faire à la fin de la séance.

Exemple de ressenti “Durant la négociation, j’’ai validé qu’on me tire les cheveux.  Finalement en cours d’action je me rends compte que je n’aime pas trop ça”. 

  • Soit c’est extrêmement douloureux ou gênant: je demande l’arrêt immédiat de l’action.
  • Soit je peux garder cette information pour le feedback de fin de séance. 

 

Un feedback à chaud peut-être nécessaire. Pour autant, il ne dispense pas d’un feedback à froid lorsque les émotions sont équilibrées et qu’on a la tête reposée. Ce dernier permet de prendre du recul et peut-être de reconsidérer ce qui s’est passé.

Si tout s’est bien passé tant mieux en revanche s’il y a eu un incident qu’il soit physique ou lié à un problème de communication, cette prise de recul permettra de quitter l’émotionnel et de faire la part des choses vis-à-vis de son partenaire. 

 

Le feedback doit être constructif et bienveillant même s’il y a des axes d’amélioration.

 

Comment faire un bon feedback ?

1. Donner les points positifs. il s’agit d’être encourageant et valorisant.
2. Donner les points d’amélioration. Il s’agit de souligner les points faibles d’une manière assez directe tout en étant dans un état d’esprit bienveillant. il faut apporter des précisions, être le plus factuel possible. Il est important de faire le feedback dans un laps de temps assez court après l’expérience partagée.
3. La recherche de solutions. C’est grâce à cette étape qu’un feedback devient véritablement constructif car l’on propose des pistes d’actions à mettre en place. 

La suite des infos sur le feedback ici

J’espère que cet article vous aura montré l’intérêt de parler de personnes attachées plutôt que de « modèle de shibari ». Tout comme il aura mis en valeur toute la valeur ajoutée et les implications de cette personne dans une scène de shibari. Bien évidemment, vous pouvez continuer d’employer, par facilité ou conviction, le terme « modèle de shibari ».

 

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